Alerte info

Interview de Me Ayodélé AHOUNOU à propos du présumé complot contre l’autorité de l’État : « Olivier BOKO est pressé d’aller au procès. »

today15 janvier 2025 331 1

Arrière-plan
share close

Alors que le procès d’Olivier Boko et ses coaccusés est prévu pour le 21 janvier 2025, devant la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET), l’un de ses avocats, Maître Ayodélé AHOUNOU, revient dans cet entretien exclusif sur les enjeux de cette affaire. Il dénonce des irrégularités dans la procédure, tout en affirmant que son client est serein et impatient de faire face à la justice lors de ce procès public. Lisez ci-dessous l’intégralité de l’entretien.

Bip Radio : Est-ce que vous confirmez que le procès de votre client, Olivier Boko et ses coaccusés, c’est bien ce 21 janvier prochain ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Tout à fait ! Ils seront présentés au jugement mardi prochain à 8h, ce sera la section criminelle.

Bip Radio : Qui sont les autres accusés à la barre et ils sont au total de combien ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Au regard des arrêts de mise en accusation, ils sont six à être poursuivis. Les personnes poursuivies sont renvoyées devant la juridiction de jugement parce que, déjà le lundi passé, la Cour suprême devant qui nous nous étions pourvus contre l’arrêt de confirmation de mise en accusation, a rendu une décision favorable à la poursuite, après avoir déclaré notre pourvoi recevable. Elle n’a pas cru devoir nous suivre dans les moyens que nous lui avons soumis, évidemment pertinents.

Bip Radio : Comment vous vous préparez pour ce procès ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Vous parlez peut-être de la stratégie de défense. Qui parle de stratégie judiciaire parle forcément de surprise, de secrets et des conditions mises ensemble des actes, et tout ce que la défense peut regrouper dans le cadre de la démonstration de l’innocence de ses clients. Ça doit forcément être gardé secret.

Bip Radio : Qu’est-ce qui, selon vous, n’a pas été respecté pendant l’instruction et qui a amené votre collectif d’avocats à saisir la Cour suprême ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : La décision des magistrats de l’instruction, d’envoyer les personnes poursuivies devant le juge d’instruction a été rendue le 26 décembre ; on appelle ça, un arrêt de mise en accusation. Mais lorsqu’on forme un recours contre cette décision, on ne programme pas d’audience. On attend ! Le 28 décembre, aussitôt qu’ils nous ont notifiés l’arrêt de mise en accusation, nous avons relevé l’appel. Quand vous formez une voie de recours, la juridiction que vous saisissez instruit, elle vous écrit pour dire que le dossier est mis à votre disposition. Vous avez jusqu’à telle date pour produire votre mémoire. La section de l’instruction qui a reçu notre appel nous a écrit le 30 décembre pour nous dire que nous avions jusqu’au 2 janvier à 8h, pour produire notre mémoire. Nous avons écrit pour dire qu’humainement, il est impossible pour un être humain de faire tout cela en si peu de temps. Mais nous avons quand même déposé le mémoire le 2 janvier 2025. On vous dit de venir déposer votre mémoire à 8h et la cour prévoit statuer à 9h. Elle a rappelé la décision. Et quand vous prenez la décision qui est une décision de confirmation de la décision rendue par les juges de la commission de l’instruction, c’est-à-dire la décision selon laquelle il faut envoyer les gens au jugement, elle dit dans la décision qu’on n’a pas déposé de mémoire. Mais comme nous avons déposé et que nous avons la preuve, cela fait partie des raisons pour lesquelles nous sommes allés devant la Cour suprême, pour démontrer que l’arrêt de la section de l’instruction est manifestement contraire à la loi. Il y a des demandes que la défense a adressées légalement aux juges d’instruction ; lorsqu’il les reçoit, il doit statuer.

Bip Radio : Vous avez fait quelle demande ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Je vous donne un exemple : le décompte des sous que vous avez entendu sur les ondes, qui est d’un milliard cinq cents millions. À aucun moment, M. Homeky n’a reconnu avoir un milliard cinq cents millions dans sa voiture.

Bip Radio : Donc vous avez demandé qu’on recompte les sous ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Évidemment. Vous avez entendu mon confrère Maître Kato ATITA solliciter l’audition du chef de l’État. Mais la loi impose aux juges de statuer. C’est-à-dire que vous devez rendre une décision, soit pour les accueillir, soit pour rejeter ce que les avocats demandent. Mais au jour où intervient la décision de mise en accusation, vous avez encore ces demandes-là. Les magistrats ne répondent pas et c’est dans ces conditions qu’est intervenue la décision de clôture et de dessaisissement.

Bip Radio : Et la Cour suprême a rejeté votre recours. Qu’est-ce que cette décision suscite en vous ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Ce qu’il ne faut pas, c’est de perdre espoir. Lorsque vous pensez avoir raison et que vous ne faites que perdre, ce qui va hypothéquer définitivement la possibilité d’avoir une victoire, c’est d’arrêter le combat. Lorsque vous ne l’arrêtez pas, un jour on ne sait pas quel jour le soleil va se lever. Même un profane à qui on exposera les moyens que nous avons présentés, verra des évidences. Nous avons dit à la cour que nous avons la violation des droits fondamentaux de la défense. À un moment, nous nous demandions s’il était nécessaire de faire un procès. Est-ce qu’il ne fallait pas prendre un décret et notifier les peines aux personnes poursuivies ? On s’arrête et chacun passe à autre chose. Les décisions de la Cour suprême sont insusceptibles de recours. C’est cela qui explique que la CRIET a programmé l’audience du 21 prochain.

Bip Radio : Et qu’est-ce que vous espérez de ce procès ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Je ne sais plus, mais ce n’est pas le jugement qui juge les gens, parce que c’est un procès public et l’opinion publique se fera son opinion sur l’innocence, la culpabilité, et les conditions légales de condamnation relativement à cette affaire. Cela fait partie de l’objectif principal de la défense. Quant à la question de savoir si nous allons directement vers une décision d’acquittement, je vous dirai simplement qu’une décision de condamnation dans les circonstances que je viens de vous décrire ne me surprendrait pas. Mais notre combat, si même les juges ne nous entendent pas, c’est que l’opinion publique puisse nous entendre. Si je dois anticiper, c’est que dans ce dossier, les conditions techniques d’une condamnation, je ne vois pas comment ils vont les réunir.

Bip Radio : Mais il y aura la contradiction, vous aurez la parole et le ministère public aussi, vous allez défendre vos idées.

Maître Ayodélé AHOUNOU : Et vous allez faire votre opinion après ce croisement d’arguments, d’idées. À l’heure où nous allons au jugement, nous sommes devant la Cour suprême sur la régularité même de la procédure. On ouvre parallèlement une seconde voie pour aller au procès alors que la question même de la régularité de la procédure est toujours devant la Cour suprême.

Bip Radio : Mais vous serez au procès ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Je préfère garder la réponse pour moi-même. Vous verrez bien. Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que les personnes poursuivies seront présentées le 21.

Bip Radio : Maître Ayodélé, comment a réagi votre client à l’annonce de la date de son procès ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Autant qu’ils sont, ils savent très bien qu’ils vont être jugés. Les gens disent que les avocats ne veulent pas de procès, mais c’est absurde. Comment un avocat ne voudrait pas de procès ? Les avocats ne sont pas là pour empêcher, ils ne sont pas des ennemis. L’avocat demande que les règles de procédure soient respectées.

Bip Radio : Alors pour revenir au moral de M. Olivier Boko, comment va-t-il accueillir cette nouvelle ?

Maître Ayodélé AHOUNOU : Ils savent que c’est pour les juger qu’ils ont été interpellés. Donc il n’y a aucune surprise à recevoir une date d’audience. Il n’est pas surpris, on va au jugement et il est prêt. Le dossier se défend de lui-même. Donc M. Boko est serein. Il est très serein et il est même pressé d’aller au jugement. Il est content que le procès soit un procès public. Donc vous pouvez deviner son état, il est content d’aller au procès.

Écrit par: BIP Radio

Rate it

Commentaires d’articles (0)

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires


0%