Suspension de la vente d’une récade en France : Les explications de Alain Godonou

Suspension de la vente d’une récade en France : Les explications d’Alain Godonou, Chargé de mission du Président de la République aux patrimoines et aux musées.

Bip Radio : De quelle récade s’agit-il ? Pouvez-vous nous la présenter ?

Alain Godonou : Une maison de ventes d’objets anciens à Paris, a publié un catalogue dans lequel figurent deux objets liés à notre histoire, notamment une récade et un sabre d’amazone. Les notices indiquent que ces objets proviendraient de la campagne du général britannique Dodds. Une telle information n’est pas passée inaperçue, et cela a immédiatement suscité l’intérêt des autorités béninoises.

Bip Radio : À qui appartient cette récade maintenant, et pourquoi cette polémique ?

Alain Godonou : Ces objets appartiennent actuellement à des héritiers, et la maison de ventes agit en leur nom pour organiser leur vente. La polémique réside dans leur provenance. Si ces objets sont effectivement partis du Danxome dans les circonstances décrites – notamment la campagne de Dodds – ils revêtent une importance capitale pour le patrimoine culturel du Bénin.

Nous voulons nous assurer que ces objets, s’ils sont authentiques, soient reconnus comme partie intégrante de notre patrimoine. Cependant, leur vente, bien qu’en parfaite légalité, selon les lois françaises, a suscité une mobilisation de notre part pour préserver leur valeur historique.

Bip Radio : Comment le Bénin a-t-il pu suspendre la vente de la récade, et quelle sera la suite ?

Alain Godonou : Le ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, a donné des instructions précises, dès qu’il a été informé de cette situation. Nous avons établi des contacts avec nos homologues français du ministère de la Culture, qui ont joué un rôle important dans cette affaire. Ils ont contacté la maison de ventes, qui, bien que parfaitement dans ses droits, a décidé de suspendre la vente et d’établir un lien direct entre nous et les propriétaires héritiers.

C’est un processus simple: nous discutons actuellement avec la maison de ventes et les héritiers pour déterminer les prochaines étapes.

Bip Radio : Est-ce que le Bénin pourra récupérer cette récade ?

Alain Godonou : Avant tout, il faut vérifier l’authenticité des objets. Il ne suffit pas de dire : « Nous avons la récade de Béhanzin. » Nous devons prouver qu’ils sont véritablement ce que nous pensons qu’ils sont. Cela implique une recherche approfondie.

Nous devons retracer leur parcours, examiner les archives de la famille détentrice, et croiser ces données avec les archives de l’armée française, pour confirmer leur provenance. Une fois cette étape franchie, des négociations pourront s’engager avec les propriétaires pour un éventuel retour de ces objets au Bénin.

Le processus prendra du temps, mais nous avançons dans un esprit de collaboration avec toutes les parties concernées, que ce soit la maison de ventes ou les héritiers.