Nouvelles

Le Général Dagvin Anderson sur Bip radio : « Il faudra une solution régionale à la lutte contre le terrorisme.»

today18 septembre 2025 125

Arrière-plan
share close

Le nouveau patron du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), le Général Dagvin Anderson, était ce mardi 16 septembre 2025 en visite de deux jours au Bénin. Une rencontre axée sur la sécurité et les défis communs. Il a bien voulu se confier à BIP Radio, dans cet entretien exclusif. Voici l’intégralité de l’entretien.

 

BIP Radio : Vous êtes le septième commandant des États-Unis pour l’Afrique. Vous êtes à Cotonou, au Bénin. Quel est l’objet principal de votre visite ?

Général Dagvin Anderson : D’abord, je voudrais vous remercier d’avoir pris le temps de faire cette interview avec moi. J’apprécie cette opportunité de revenir au Bénin. J’étais déjà venu dans le passé. Maintenant, en tant que commandant d’AFRICOM, je suis venu parce que je voulais visiter nos forces spéciales basées ici, au Bénin, voir comment elles aident le pays et examiner comment nous pourrions mieux travailler ensemble, pour renforcer l’efficacité de nos actions face à la menace grandissante. Je suis venu explorer, voir où nous en sommes et ce que nous pouvons faire ensemble pour contrer cette menace.

BIP Radio : Vous avez rencontré le président Patrice Talon et le chef d’état-major, ce mardi 16 septembre. De quoi avez-vous discuté ?

Général Dagvin Anderson : Oui, c’est vrai, j’ai rencontré les deux autorités. Lorsque j’ai rencontré le président, nous avons d’abord parlé du fait que j’étais ici, il y a quatre ans, en 2021. À cette époque, la menace était encore naissante et a commencé à croître. Nous avons discuté des opportunités de partenariat entre les États-Unis et le Bénin, pour lutter contre cette menace. Je voulais voir où nous en sommes en termes de progrès réalisés et ce que nous pouvons continuer à faire pour avancer.

BIP Radio : Quelle est, aujourd’hui, la nature de la coopération militaire entre le Bénin et les États-Unis ?

Général Dagvin Anderson : Je dois dire que la première chose, c’est la très bonne relation qui existe entre nos deux pays et nos deux armées. Nous formons le personnel des forces armées, faisons des dons d’équipements, partageons le renseignement et développons ensemble des stratégies pour contrer la menace terroriste. Mais il faut dire qu’à côté de l’approche militaire, nous œuvrons également dans le domaine civilo-militaire, avec des actions dans la communauté : missions vétérinaires, missions médicales, formations pour la population. C’est une approche holistique qui ne se focalise pas uniquement sur un aspect, mais sur tout ce que nous pouvons mettre en œuvre, afin d’obtenir des résultats probants.

BIP Radio : Puisqu’on parle de coopération militaire, quels sont les résultats que vous avez observés, jusqu’ici, dans cette coopération sécuritaire ?

Général Dagvin Anderson : En discutant avec les différentes autorités, j’ai eu une meilleure compréhension de la situation actuelle, par rapport à la menace. Demain, je me rendrai à Parakou, pour explorer la situation, là-bas, et voir ce que nous avons pu réaliser depuis le déploiement de nos forces pour aider le pays. En plus des formations et autres mesures, et surtout grâce à notre expertise dans le domaine du contre-terrorisme, il est important de savoir que ce n’est pas une menace qui peut être vaincue par un seul pays. Nous devons adopter une perspective régionale et collaborer avec les pays voisins, car le terrorisme n’a pas de frontières.

BIP Radio : Est-ce que le Bénin vous a formulé une demande précise dans la lutte contre le terrorisme ?

Général Dagvin Anderson : Il n’y a pas eu de requête spécifique, si ce n’est la volonté de continuer notre coopération : partager le renseignement, poursuivre les différentes approches et mettre en œuvre des stratégies pour faire face à cette menace. Et quand je me rendrai à Parakou, nous examinerons également les mesures à prendre pour continuer à progresser et obtenir des résultats efficaces.

BIP Radio : Le terrorisme reste une menace croissante dans le Sahel et s’étend vers les pays côtiers. Quelle lecture en faites-vous ?

Général Dagvin Anderson : Je suis très préoccupé par cette évolution, car nous voyons que la menace traverse les frontières et se dirige davantage vers le Sud. Nous observons également une coopération accrue entre différents groupes terroristes, comme ISIS en Somalie qui collabore avec ISIS dans la région du lac Tchad et dans le Sahel. Nous voyons aussi, par exemple, les Houthis, toujours en Somalie, travailler avec Al-Shabaab pour lever des fonds, afin de perpétrer des attaques dans d’autres régions de l’Afrique. Cette collaboration entre groupes terroristes est très préoccupante.

BIP Radio : Est-ce que vous allez appuyer, de façon totale, le Niger et le Burkina Faso, sans conditions ?

Général Dagvin Anderson :  C’est quelque chose que nous devons explorer et examiner avec notre administration américaine, pour déterminer ce qui est faisable. Mais une chose est sûre : avec un terrorisme sans frontières et régional, une solution régionale sera nécessaire.

BIP Radio : Certains estiment que la présence militaire étrangère en Afrique crée une dépendance. Que répondez-vous à cela ?

Général Dagvin Anderson : Il faut comprendre que nous sommes ici, essentiellement, pour assister et soutenir les forces armées béninoises, rien de plus. Nous leur donnons le soutien nécessaire pour atteindre un niveau d’indépendance opérationnelle, afin qu’elles puissent agir totalement de manière autonome. Avec notre aide, elles pourront agir et combattre les menaces. Nous les aidons au niveau du partage du renseignement et de la formation, mais en fin de compte, ce sont elles qui doivent aller sur le terrain, combattre l’adversaire, prendre leurs décisions et mettre en œuvre leur propre stratégie.

BIP Radio : Donc pas de troupes étrangères ?

Général Dagvin Anderson :  Nous avons une petite équipe de forces spéciales, pour former les forces armées béninoises et leur donner la capacité opérationnelle de contrer la menace.

BIP Radio : Vous avez succédé au général Langley à la tête de l’AFRICOM. Comment se passe votre mandat depuis août dernier ?

Général Dagvin Anderson : J’ai été très occupé. J’ai d’abord visité l’Afrique de l’Est, puis je suis retourné à Washington D.C, et maintenant je suis en Afrique de l’Ouest. Ces voyages me permettent de mieux comprendre la situation et d’adapter notre stratégie militaire pour aider les pays africains.

 

 

BIP Radio : Général Dagvin Anderson, merci.

Général Dagvin Anderson : Merci à vous pour ce moment partagé. J’apprécie beaucoup l’interview et je salue également les efforts du Bénin pour lutter contre le terrorisme. Je félicite les militaires qui affrontent cette menace pour protéger la population et garantir la défense du territoire et un environnement sûr pour tous.

Écrit par: BIP radio

Rate it

Commentaires d’articles (0)

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires


0%