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La requête d’un gracié à TALON : « Je demande au président de bien vouloir libérer le Professeur AIVO et Madame MADOUGOU avant la fin de cette année », plaide Latifou ZIBO.

today11 août 2024 274

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Son nom est le premier sur la liste des 27 personnes graciées le 2 août 2024. Dans une interview exclusive, Latifou ZIBO, 33 ans, ancien détenu à la prison civile de Cotonou, revient sur les conditions de son arrestation, son retour à la maison et évoque ses projets.

L’acteur politique avait été condamné à 10 ans de prison ferme pour complicité d’atteinte à l’intégrité du territoire et libéré après plus de trois ans derrière les barreaux. Lisez l’intégralité de l’entretien sur BIP Radio.

BIP : Qui vous a annoncé votre libération ?

Latifou ZIBO : J’étais en train de prier quand, aussitôt terminé, un ami, un codétenu, est venu me dire : « Écoute Zibo, tu fais partie de ceux qui vont bénéficier de la grâce. » Je lui ai répondu : « Ah bon ? » Il m’a dit oui. C’était le vendredi 2 août. Nous avons été libérés le samedi.

BIP : À votre sortie de prison, qui vous a accueilli en premier lieu ?

Latifou ZIBO : À ma sortie, il y avait un vice-président de notre parti, des amis et des parents qui m’ont accueilli devant la maison d’arrêt.

BIP : À ce moment-là, dans quel état d’esprit étiez-vous ?

Latifou ZIBO : Pour avoir passé 1213 jours, privé de liberté avec d’éminentes personnes comme le Professeur Frédéric Joël AIVO, Madame la Ministre Reckya MADOUGOU et tous les autres que j’ai laissés derrière moi, sachant qu’ils sont toujours en prison, j’ai des pincements au cœur. Savoir que je sors, mais qu’eux restent, ce n’est pas facile.

BIP : Vous avez mentionné Madame Reckya MADOUGOU, détenue à la prison civile d’Akpro-Missérété, tandis que vous étiez à la maison d’arrêt de Cotonou où est détenu, également, le Professeur Joël AIVO. Aviez-vous des contacts avec eux ? De quoi parliez-vous ?

Latifou ZIBO : Nous étions dans le même bâtiment. Nous avons partagé nos douleurs, nos peines, nos expériences. J’ai beaucoup appris.

BIP : Vos derniers échanges avec lui remontent à quand, et que vous êtes-vous dit, à cette occasion ?

Latifou ZIBO : Avant de sortir, je suis allé le voir. J’avais de la douleur dans mon âme, parce que nous avons partagé trois ans et trois mois de détention. Je suis allé lui dire au revoir et l’encourager, en lui assurant que je suis de cœur avec lui. Mais je ne pouvais pas faire autrement, en espérant que d’ici peu, lui et tous les autres, encore détenus, puissent retrouver leur liberté. Il m’a prodigué de sages conseils, avant que je ne parte.

BIP : Une fois à la maison, comment la famille et les proches vous ont-ils accueilli ?

Latifou ZIBO : Nos arrestations ont été des moments douloureux pour la plupart de nos familles. Beaucoup avaient même peur de venir nous rendre visite. Parmi nous, certains ont eu des AVC, sont devenus hypertendus, ou ont perdu des parents et des proches. J’ai perdu deux oncles et ma grand-mère, pendant ma détention. Vous imaginez, tous ces proches ont toujours souhaité notre libération. Ils étaient débordés de joie de me retrouver parmi eux.

BIP : Et pour votre petite famille, comment se sont passées les retrouvailles ? Votre femme, avez-vous des enfants ?

Latifou ZIBO : (Rires) Malheureusement, j’étais en projet de mariage. Je disais à ma fiancée, qui n’était pas au pays, que nous nous marierions à son retour. Moi non plus, je n’étais pas au pays, j’étais à Accra. Je lui ai demandé de venir pendant les vacances pour que nous puissions nous marier. Quand elle est revenue, je lui ai demandé de me permettre de finir les élections présidentielles, car en ce moment, nous étions dans une fièvre électorale, et elle m’a dit d’accord. Malheureusement, j’ai été arrêté. Depuis lors, nous étions dans l’attente, pensant sortir demain, après-demain, un mois après, mais elle a continué à attendre. C’est certainement après ma sortie que je vais penser au mariage et puis le reste suivra.

BIP : Que faisiez-vous dans la vie en dehors de vos responsabilités au sein des Démocrates ?

Latifou ZIBO : J’ai étudié les relations internationales, et je suis diplomate de carrière. J’étais à la mission diplomatique du Bénin à Accra, pour me former davantage. J’y étais lorsque la situation économique du pays a poussé l’État à réduire nos missions diplomatiques. Je suis rentré au pays et j’ai lancé d’autres projets.

BIP : Comment avez-vous été arrêté ? Où et quand cela s’est-il produit ? Dans quelles circonstances ?

Latifou ZIBO : J’ai été arrêté vers Arconville, au domicile de mon beau-frère, le juge BATAMOUSSI, aux environs de 5 heures à 6 heures du matin. Une horde de policiers armés jusqu’aux dents, m’a interpellé. Ils m’ont conduit à la Brigade économique et financière, où l’on m’a accusé d’appartenir à un groupe terroriste. Ensuite, on m’a présenté au procureur spécial avant de m’incarcérer le vendredi 8 avril. J’ai été arrêté le 5 avril 2021, jusqu’à la date de notre procès, où les faits ont été requalifiés. On m’a alors accusé de complicité d’atteinte à l’intégrité du territoire national.

BIP : Vous reconnaissez-vous dans cette accusation ?

Latifou ZIBO : Je l’ai dit devant mes conseillers, devant les juges, devant le public : je n’ai jamais été un homme de violence. Je ne me reconnais pas et je ne me reconnaîtrai jamais dans ces accusations. La seule chose qui compte, c’est ma liberté. Le reste, nous devons nous pardonner pour que la République puisse avancer.

BIP : Allez-vous continuer vos activités politiques après votre libération ?

Latifou ZIBO : Je viens juste d’être libéré. C’est vrai, quand on entre en politique, il est difficile d’en sortir. Mais pour l’instant, je passe du temps avec ma famille, mes proches, mes amis, et après, on verra.

BIP : Vous ne savez pas encore si vous allez vous réengager politiquement aux côtés de vos amis des Démocrates ?

Latifou ZIBO : Je suis d’une formation politique. J’ai été arrêté pour mes convictions. Le combat politique ne s’arrête pas du jour au lendemain. Dans les jours à venir, vous saurez si je continue le combat ou pas.

BIP : Pouvez-vous nous parler de vos conditions de détention ?
Latifou ZIBO : Nos conditions de détention n’ont pas été faciles du tout. Je ne voudrais pas m’étendre sur les détails, car cela pourrait toucher certaines sensibilités.

BIP : Vous préférez ne pas parler des détails ? Par exemple, où dormiez-vous ? Combien de fois étiez-vous nourris ?

Latifou ZIBO : Nous recevions deux rations par jour. Ce n’était pas suffisant, et la qualité laissait à désirer. Pour ce qui est de l’endroit où nous dormions, disons que nous nous sommes adaptés.

BIP : Il y avait une surpopulation. Aviez-vous accès aux soins de santé ?

Latifou ZIBO : Bien sûr, mais les prisons sont confrontées à d’énormes problèmes, notamment en matière d’hygiène. Il y a des caniveaux à ciel ouvert, et bien d’autres choses. Si tu n’as pas d’argent pour te soigner toi-même, tu peux aller à l’infirmerie, mais c’est payant.

BIP : Combien de personnes étiez-vous dans votre bâtiment, et pour combien de places ?
Latifou ZIBO : Nous étions au moins 45. Avec le temps, certains ont été libérés, et nous sommes restés une trentaine, répartis dans d’autres bâtiments. Tout le monde n’avait pas de lit. Nous, les premiers arrivés, avons eu la chance d’en avoir un. Le bâtiment où nous étions comptait à peine sept lits.

BIP : Avez-vous eu accès aux soins de santé ?

Latifou ZIBO : Oui, mais c’était compliqué. Si tu es malade, on t’emmène à l’infirmerie, mais il n’y a pas grand-chose. Sans argent, il est difficile de se faire soigner correctement.

BIP : Maintenant que vous êtes sorti, quels sont vos projets ?

Latifou ZIBO : Je vais reprendre mes projets là où je les ai laissés. J’avais un projet événementiel que je vais relancer, ainsi que d’autres projets que j’ai élaborés en prison et que je vais bientôt mettre en œuvre.

BIP : Pouvez-vous nous en dire plus ?

Latifou ZIBO : Je préfère réserver la surprise.

BIP : Pour finir, avez-vous un message à adresser à quelqu’un ?

Latifou ZIBO : Je pense que le Président Patrice TALON a commencé un travail, et il doit le terminer. Je le prie humblement de bien vouloir libérer le Professeur Joël AIVO, Reckya MADOUGOU, tous les autres qui sont encore détenus.

Écrit par: BIP radio

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